lundi 1 octobre 2018

Le manteau de la pirate




[ Dans l'air légèrement moite d'une pièce qui réunissait le miracle d'être à la fois peu aménagée et dans le chaos le plus total, rien ne bougeait. Sur une table bleue, une machine à coudre prenait la poussière en attendant des jours meilleurs, tandis que le contenu d'un de plusieurs cartons à tissus était répandu sur le sol. Il semblait évident que l'activité dans cette pièce était rare, voire même légendaire.
Soudain, dans un éclair fracassant, un globe d'énergie pure apparut au beau milieu du désordre, accompagné d'un claquement sonore. En son centre, des volutes de fumées bleues s'enroulaient dans un tunnel infini qui s'enfonçait dans les profondeurs de cette impossible apparition bruissante de crépitements électriques. Au bout d'un moment, une minuscule silhouette se détacha du fond du tunnel. Elle semblait arriver d'un horizon lointain, perdu dans le tunnel. Peu à peu, elle se rapprochait de ce qu'il fallait bien appeler la porte de ce tunnel, tout en grandissant à chaque pas.
Enfin, arrivée au bord du globe, elle prit son élan et sauta à pieds joints au sol. Derrière elle, la fantastique apparition disparut avec un "ploup" décevant, et le calme revint dans la pièce.

Il ne restait plus qu'une fille, assez échevelée, plantée au milieu des tissus éparpillées.
Elle brossa un grain de poussière sur sa manche, regarda vaguement autour d'elle et murmura :

"Bon, alors, j'en étais où..." ]


Il faut bien une introduction à la Doctor Who pour expliquer l'absence prolongée de nouvelles réalisations sur ce blog. J'étais coincée dans un vortex spatio-temporel, alors hein, vous savez ce que c'est...



Dans mon vortex, j'avais quand même emporté de quoi finir ce costume de pirate, commencé l'année dernière.
Au départ, je devais faire un costume pour un adulte.
Un GRAND.
J'ai préféré faire un essai dans un format plus réduit : ce costume a donc été prévu pour une PETITE fille.


Le point de départ de ce manteau est une redingote dénichée dans un burda ancestral, daté de décembre 2007. Pour passer d'un patron pour "princesses en herbe" à celui d'un manteau de pirate sanguinaire, il a fallu prévoir quelques modifications... Mais pas tant que ça, à croire que les princesses peuvent facilement devenir des corsaires redoutables.



Qui dit costume dit "CACHEZ-MOI CE SATIN DE DOUBLURE DÉGUEULASSE ET APPORTEZ-MOI DES TISSUS DIGNES DE CE NOM". En effet, je suis fâchée-tout-rouge contre les déguisements moches, les tissus clinquants-quand-c'est-pas-nécessaire, et l'absence d'un tant soit peu de qualité dans la confection.

Du coup, mon tissu principal est un gros velours moelleux (pour affronter les coups de vents sur la dunette arrière), et je l'ai agrémenté de beaux galons anciens (enfin, d'occasion, quoi*) et de dentelle chinée.


Je sais pas vous, mais je trouve que les costumes prennent vie avec les bonnes associations de matières et les petits détails... Non ?


La conception du costume a été simple, même si l'assemblage du double-col froufrouteux à l'encolure fut un moment d'intense concentration.
Néanmoins, j'ai pris mon temps pour être sûre que les boutons étaient bien placés, pour vérifier que le relevé des manches n'allaient pas gêner les mouvements d'épée de la pirate, pour dessiner des poches suffisamment grandes pour ranger quelques pièces de huit.


En un mot comme un cent (-guinaire), je me suis amusée.


Le costume vogue maintenant vers de nouvelles aventures sur le dos de sa petite propriétaire (qui doit écumer les mers à l'heure qu'il est). Et moi, entourée de mes coffres à trésor débordants de boutons dorés et de galons chatoyants, je me dis que j'en ferais bien un autre, manteau de pirate... Arr !


Manteau de pirate
Tissus : Velours de Myrtille, Nantes
Patron : Burda, 12/07
Mercerie : galons, rubans, boutons et dentelle trouvés à l'Emmaüs du coin, officiellement élu "*Meilleure Mercerie Pour Les Projets Rigolos