mardi 17 octobre 2017

Mademoiselle la Marquise d'A.

 Étant donné que ma garde-robe est vide, que je n'ai plus de pantalon qui ne soit ni troué, ni tâché, que l'hiver arrive et que je n'ai aucune pelure digne de ce nom me permettant d'affronter les grand froids et, enfin, qu'ayant perdu un carton entier de fringues -dont mon manteau d'amour-, vous comprendrez que les rares moments que je peux consacrer à la couture, je les préserve pour me coudre des pièces essentielles à mon dressing.

Suivant cette logique, j'ai donc cousu une robe de marquise, pour une jeune demoiselle.
Rahlàlà.


Je n'aime pas beaucoup les déguisements en tissus satinés : ça brille, c'est souple, mais ça fait faux. 
Je préfère les costumes (hé non, ce ne sont pas des déguisements) de scène, qui misent sur des tissus réalistes, parfois précieux. Avez-vous déjà enfilé un tel costume ? Je vous garantie qu'on est quasi-instantanément plongé dans la peau même d'un personnage. C'est magique...


C'était un peu mon ambition avec cette robe de marquise. Je la voulais grandiose, précieuse, belle. J'avais trouvé, quelques mois auparavant, de beaux tissus sur un vide-grenier, parfois en trop petite quantité pour imaginer un vêtement entier dedans. Mais un petit bustier, ou un empiècement ? Impeccable !


Question patron, j'ai trouvé mon bonheur dans le livre d'Anabel Bénilan : "Princesses, pirates et cie". Un corsage, des manches, une sur-jupe, une grosse jupe bouffante : tout était là (ou presque...).
Mais c'était trop simple : il fallait que je pimpe un peu ce modèle.
J'ai donc sorti mes oignons.


Hein ?
Mais si : ces manches en dentelle, c'était l'occasion idéale de tenter la teinture végétale, pratique qui me fait rêver depuis que j'ai vu les échantillons colorés d'une future teinturière.
Le doux jaune-orangé que j'étais sensée obtenir allait contraster à merveille avec le tissu choisi, l'affaire était dans le sac.


Tambouille de sorcière ou couture, ce n'est pas clair.


 Apparemment, c'est la teinture la plus fastoche : on fait bouillir les pelures, on rajoute le linge mordancé à l'alun, ça bloblotte, on laisse sécher, et voilà !


Alors, certes, la couleur était plus foncée que prévue. Mais que c'est beau ! Depuis, je n'attends qu'une nouvelle occasion de recommencer, avec d'autres ingrédients.
Des lichens ? Des feuilles ? Comment faire du bleu ? Autant de mystères à sonder...


Une fois la teinture faite, la couture continue. Pas de difficulté avec le patron, même si, ahahah, hohoho, j'ai choisi de le doubler, pour cause de tissu qui gratte.
Il  n'y a rien de pire qu'un tissu qui gratte pour gâcher un costume.

L'ajout de la doublure faisait quand même que la couture de la taille était une bonne blague, avec un beau bordel à assembler.

Le beau bordel.

Il m'aura fallu quelques semaines pour boucler cette robe (quand même !).



Au final, cette petite robe de marquise a rejoint le coffre à costumes de Mademoiselle A.
Et moi ? Je continuerai bien à coudre de belles choses pour les enfants : des capes de magicien pas en satin, des robes de princesses galloises pas en satin, des manteaux de pirate pas en satin... Et si j'ai l'occasion de teinter tout ça, c'est encore mieux !

Bref, je ne suis pas prête de me coudre une garde-robe fonctionnelle.


Mademoiselle la Marquise, en plein bal masqué.


Mademoiselle la Marquise d'A.

Tissus : gabardine bordeaux de Myrtille (je crois ?), soie sauvage chinée, brocade chinée, dentelle d'Emmaüs
Mercerie : Petits rubans dorés de Myrtille, perles récupérées d'un collier en plastique, fils chinés

2 commentaires:

  1. Et bien, il y a des priorités dans la vie ! Si faire plaisir à sa môme et se faire plaisir n'en est pas une, bien plus vraie que d'avoir des hardes comme il faut pour aller au turbin...

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